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KIRUNA

Quelle identité pour une ville

en mouvement ?
Bâti et forme urbaine
Typologies

En analysant les typologies et la densité urbaine du centre-ville existant et du nouveau centre-ville, il est logique de se questionner sur l’acceptabilité sociale qu’aura la nouvelle ville. Dans la ville d’aujourd’hui, le type résidentiel qui domine est la maison unifamiliale détachée, ce qui n’est pas le cas dans le nouveau plan d’ensemble où l’on retrouve une densité bâtie bien plus forte et des types bâtis autres.

 

Les habitants apprécieront-ils la nouvelle urbanité et la notion du vivre ensemble imposées ?

 

La nouvelle ville aura une superficie de 4.1km2, comparée aux 8.4km2 de la ville existante. Pour le moment, en général, les citoyens semblent bien accepter le projet. Peut-être car c’est LKAB qui fait vivre la ville et que les citoyens sont conscients que peu de choix s’offre à eux. La ville doit être déplacée pour que la mine subsiste. Heureusement, les maisons ouvrières faisant partie du patrimoine bâti se composent majoritairement de logements partagés ou d’habitations où vivent plusieurs personnes. En ce sens, dans le nouveau plan d’ensemble délaisse, les maisons pavillonnaires d’après-guerre sont en partie délaissées. 

 

Bien qu’étant une communauté relativement jeune, les gens de Kiruna sont très attachés à leurs racines. C’est pour cela qu’en 1984, le conseil municipal a élaboré un premier plan de conservation pour la ville. Certains secteurs et bâtiments jugés culturellement importants ont été classés comme protégés. Cinq bâtiments de Kiruna ont été listés dans l’Acte de Conservation du Territoire de 2005. Seulement deux de ces cinq bâtiments seront conservés dans le plan de relocalisation. Il s’agit de la Hjalmar LundbohmsgÃ¥rden, la maison du premier gérant de LKAB et de l’église de Kiruna et son beffroi. Les trois autres, l’hôtel de ville, la station de train et les appartements « Jerusalem Â», seront partiellement ou complètement démolis.

BÂTIMENTS À RELOCALISER

Par les Auteurs (2015)

Habitus et héritage bâti

Pour les personnes sensibilisées aux enjeux d’aménagement, d’architecture et de développement durable, il est plus facile de comprendre ce qui justifie de telles formes urbaines pour une nouvelle ville en milieu nordique.  Les façons d’habiter un grand territoire ont énormément évolué. De façon générale, nous sommes aujourd’hui plus conscient des enjeux environnementaux auxquels nous faisons face et de l’empreinte que nous laissons derrière nous. Cette densité et ce rapport d’échelle sont effectivement souhaitables et plusieurs précédents scandinaves sont exemplaires à ce niveau.

 

En contexte nordique, ce n’est pas l’espace qui manque. Ainsi, les gens s’habituent à leur milieu et plusieurs générations risquent d’être nécessaire pour compléter cette transition vers une densité urbaine plus élevée. Heureusement, le projet s’échelonne sur plusieurs années et un positionnement stratégique des éléments identitaires permettra une meilleure adaptation. Par exemple, devant chaque parc de quartier, lieu social et rassembleur, une maison Bläckhorn est relocalisée.(Figure 2) 

 

Éléments identitaires relocalisés

Ces maisons font partie du patrimoine bâti et ont été sélectionnées comme éléments identitaires à conserver. Au coin de certains îlots clés, des monuments repères sont également relocalisés.(Figure 4) La stratégie de conservation du patrimoine bâti est intéressante. Plutôt que de rassembler tous les bâtiments et repères identitaires et de créer un faux vieux quartier, le plan retenu a été de les disperser à travers l’ensemble de la ville et de les positionner stratégiquement. Malheureusement, pour des raisons de coûts et de faisabilité, plusieurs bâtiments comportant des qualités architecturales ne seront pas conservés. Par exemple, la gare de Kiruna, un des bâtiments emblématiques, qui est en maçonnerie et qui, depuis quelques années, est délaissée et peu entretenue, sera démolie.

TYPES D'ÉLÉMENTS RÉCUPÉRÉS

Par White arkitekter (2013)

À l’échelle du bâtiment, certaines caractéristiques comme la matérialité et les couleurs ont moins été prise en compte. À Kiruna, les bâtiments patrimoniaux sont colorés. Les couleurs récurrentes sont le rouge, le jaune et le vert pâle. Toutefois, dans le plan d’aménagement la couleur des bâtiments reste plutôt sobre, soit dans les teintes de gris et de brun. Ainsi, à travers l’architecture contemporaine suggérée, on ressent moins la touche «Kirunienne», on souhaiterait que le nouveau cadre bâti s’imprègne de son identité plutôt que celle de la Scandinavie en général. Néanmoins, un grand travail a été fait au niveau de l’architecture qui est en adéquation avec son contexte de nordicité. Les pentes de toit sont fortes et réfléchie en rapport à l’accumulation de neige et à l’espace public. Où l’on retrouve des îlots plus fermés au centre-ville, les bâtiments sur rue comportent une porte cochère améliorant la perméabilité des îlots. Bref, les exigences établies par la ville envers le cadre bâti seront des déterminants de la réussite de cette ville.  

 

INFLUENCE BIOCLIMATIQUE SUR LA FORME

Par White arkitekter (2013)

Forme urbaine

À l’échelle de la ville, les stratégies et les principes fondamentaux sont assez justes. L’orientation des bâtiments et des rues prend en compte les vents dominants. Plusieurs îlots ou bâtiments comportent une cour intérieure se rapportant aux espaces partagés de l’époque, telles les cours et les jardins en cÅ“ur d’îlot. L’église est relocalisée à travers un parc de même type que la ville existante. En revanche, ils se sont imposés une trame irrégulière avec des tracés parfois questionnables. En effet, l’axe qui mène à l’église ne possède aucune percée visuelle directe sur celle-ci. Déjà que l’église n’est pas positionnée au centre, elle se retrouve décalée de l’axe. Plusieurs rues tournent ou dévient légèrement, ce qui diminue considérablement la lisibilité. 

 

ÎLOT DÉTAILLÉ

Par White arkitekter (2013)

D’autre part, la taille et la perméabilité des îlots sont à échelle humaine, ce qui permettra une distribution efficace des services et de mobilité douce. Les gabarits des bâtiments le sont également, ce qui risque de créer un centre urbain agréable et animé, car la densité bâtie se hiérarchise se façon cohérente par rapport à sa localisation. Les usages sont positionnés et organisés de façon à créer un centre urbain mixte. Par contre, en dehors de ce pôle principal, on perd en grande partie la variété et la mixité. En périphérie, prennent place des quartiers résidentiels pratiquement mono fonctionnels. Comme héritage culturel, plusieurs monuments et installation d’art, de gravure et de peinture sont répartis à travers un nouveau réseau d’espaces publics, ce qui met à l’avant scène l’art et les pratiques culturelles locales. C’est une façon de ne pas oublier le passé, un témoin de l’histoire qui perdura.  

 

 

 

DENSITÉ BÂTIE

Par White arkitekter (2013)

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